Origine et causes du développement différentiel Nord-Sud. (Sixième et dernière partie)

30 janvier 2019

Origine et causes du développement différentiel Nord-Sud. (Sixième et dernière partie)

Les différents groupes linguistiques avaient atteint les différents continents et les avaient peuplés avant qu’il se soit produit le phénomène géologique appelé « la dérive des continents » au cours de laquelle les continents se sont écartés et sont séparés les uns des autres par des océans. Par exemple, l’Afrique est séparée de l’Europe par la méditerranée. Il n’y avait donc pas avant cette époque des barrières constituées par les Océans, au déplacement par voie terrestre d’un continent à un autre. Le climat et le milieu avaient joué un rôle majeur dans la mutation de certains caractères phénotypiques tels que la couleur de la peau et des yeux, la forme du nez et l’aspect des cheveux, qui s’étaient à la longue fixés sur les gènes et les chromosomes et étaient devenus transmissibles génétiquement.

Les groupements linguistiques qui avaient progressé par étapes tout en gardant des liens étroits avec leur centre d’origine avaient valorisé l’héritage, culturel, religieux, technique et technologique du début de l’humanité qui était plus en avance. Ils avaient alors hérité des principes directeurs dans plusieurs domaines et pouvaient plus facilement les améliorer et les développer. Au bout de plusieurs millénaires, ils avaient plus progressé en sciences et en techniques et étaient en mesure de s’aventurer très loin de chez eux, même outre-mer, efficacement, et en particulier jusqu’aux confins du continent africain, pour chercher fortune.

Vraisemblablement ils ignoraient l’existence d’êtres humains, leurs frères qui les avaient précédés sur ce continent africain après la grande séparation à Babylone. Le climat et les épreuves de la vie dure dans la jungle africaine ont modifié les apparences de leurs prédécesseurs. Leur nudité et leur langage incompris par les nouveaux venus les rendaient proches des animaux, notamment des singes.

Les Noirs de leur côté, après plusieurs milliers d’années de séparation à Babylone, n’avaient plus le souvenir de leurs ancêtres à la peau blanche et aux cheveux lisses. Les blancs sont donc les ancêtres des Noirs et l’Afrique n’est certainement pas le berceau de l’humanité comme beaucoup d’Occidentaux croient et s’acharnent à faire d’interminables fouilles en Afrique Australe, à la recherche des inexistants et introuvables restes fossiles d’imaginaires Australopithèques ou grands singes d’Afrique Australe, ancêtres des noirs. Ce souvenir lointain d’homme blanc a subi des transformations au cours des temps et a survécu jusqu’aujourd’hui sous forme de légende de Mamiwata ou Sirène, la reine des eaux ayant la peau blanche, les cheveux longs et lisses et qui est moitié femme, moitié poisson.

C’est dans ce contexte, en pleine jungle africaine, qu’il y a eu la première rencontre entre blanc et noir, des frères qui s’étaient séparés depuis l’aube des temps à Babylone, qui ne se reconnaissent plus. Imaginez la suite ! C’est une rencontre étrange et mystérieuse pour l’indigène, car pour lui se retrouver face à face à Mamiwata est un signe de grand malheur pour sa communauté ! Pour l’européen c’est une grande découverte scientifique inattendue d’homme-singe qui confirme la théorie de l’évolution !

Comment cette situation va-t-elle se dénouer ? Les deux êtres vont-ils finalement comprendre qu’ils sont apparentés, des frères et s’entraider? Y aura-t-il un heureux dénouement ? Il est souhaitable qu’on mette à la disposition du public, pour la mémoire de l’histoire, le récit descriptif de cette première rencontre entre Blanc et Noir. On sait que la suite n’était pas élogieuse. Chaque camp avait considéré l’autre comme n’étant pas son semblable. Ne se comprenant pas comme à la Babylone antique, chacun jugeait que l’autre n’avait pas un langage articulé et émettait des cris et des grognements comme des animaux.

Les Blancs avaient utilisé abusivement leur avance technologique pour massacrer les noirs comme des animaux, pour les capturer et les vendre comme esclaves en Amérique, développant un commerce florissant d’êtres humains pendant des siècles, le commerce triangulaire : Europe-Afrique-Amérique. Et, à défaut de pouvoir déporter tous les noirs pour les exploiter comme esclaves en Europe et en Amérique, ils ont déplacé leurs cultures industrielles, leurs usines, leur résidence en Afrique où ils se sont installés en maîtres et ont eu pour main d’œuvre gratuite, toute la population autochtone réduite à l’esclavage et aux travaux forcés. De loin et de près les Noirs ont été les grands bâtisseurs de l’Europe et de l’Amérique.

Les Blancs avaient une supériorité technologique. Ils étaient plus avancés en connaissances et en sciences. Pour tout dire, ils étaient plus civilisés et donc mieux placés pour comprendre et faire preuve d’élégance, en étudiant d’abord ces êtres noirs qui leur ressemblent tant. Ils agissent ainsi à l’égard des animaux inférieurs, leurs animaux domestiques et les animaux des zoos. Mais pourquoi pas avec ceux-là qui leur ressemblent à plusieurs égards ? Ils avaient, au cours des temps, rassemblé des preuves qui indiquent que les Noirs sont des êtres humains à part entière, mais ils avaient préféré faire la sourde oreille au bon sens, aveuglés qu’ils étaient par le profit et l’esprit de domination raciale.

Au prix de grandes luttes et de sacrifices consentis par les amis de la liberté et de la justice, l’esclavage avait été aboli en 1850. Il a refait surface sous une autre forme : la colonisation. Celle-ci a encore sévi pendant plus d’un siècle contre toute volonté et aspiration des autochtones qui étaient contraints de se battre et de se sacrifier pour accéder à une prétendue indépendance, pire que la colonisation, un masque du néocolonialisme.

La réalité est que tous les êtres humains sont des frères et sœurs issus de mêmes parents originels globalement dotés des mêmes potentialités génétiques. Mais les vicissitudes de l’histoire avaient créé un développement différentiel de sorte que certains groupes avaient accusé du retard de développement par rapport à d’autres. Ce fait n’est pas compris ou accepté, d’où les pratiques de l’esclavagisme, du colonialisme, de l’apartheid et du nationalisme qui causent des divisions, des inégalités, des guerres et beaucoup de souffrances inutiles dans la famille humaine. Les Centrafricains ont donc dans leur globalité les mêmes potentialités physiques et intellectuelles que les autres peuples et doivent tout simplement se battre, s’atteler au travail pour améliorer leurs conditions de vie et rattraper leur retard.
(Cette série vous a-t-elle plu? Pour plus de renseignements sur le sujet, consultez mon livre: La République Centrafricaine après 50 ans d’indépendance, publié aux éditions Universitaires Européennes. ISBN 978-3-330-87995-9)

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