La vie en Oubangui-Chari (actuelle République Centrafricaine) avant la colonisation française.(Première partie)

1 février 2019

La vie en Oubangui-Chari (actuelle République Centrafricaine) avant la colonisation française.(Première partie)

En 1983 mon frère Yams qui étudiait en France était revenu au pays natal pour des recherches sur les pratiques ancestrales du sport, des jeux, des danses ainsi que de diverses manifestations culturelles, dans le cadre de la préparation de sa thèse de Doctorat d’Etat en Sciences de l’Education. Il a procédé à de nombreuses interviews et réalisé des films dans les collèges et lycées de la capitale. Il lui faudrait également se rendre à Bassaï, son village natal situé à 35 kilomètres au nord de Bozoum dans la Préfecture de l’Ouham-Pendé, pour approfondir et compléter ses recherches. Je devais l’accompagner et l’assister, car étant né et ayant grandi ailleurs, il ne maîtrisait pas sa langue maternelle et sa culture, bien qu’il ne manquât pas d’effectuer de fréquentes visites au village à l’occasion de ses vacances scolaires. C’est le drame commun à la plupart des enfants de la diaspora centrafricaine.

A Bozoum le personnage principal rencontré qui nous avait fourni le maximum de renseignements est notre grand-père Joël. Nous l’appelions affectueusement grand-père Joël-ri ou encore Coco Joël. C’était presque un centenaire à cette époque, un vieillard de grande taille et manifestement très robuste dans sa jeunesse. Il était détenteur d’un grand savoir et il savait relater des évènements passés. C’était une bibliothèque vivante. Il suffisait de soulever une question et il vous donnait des éléments de réponses qui dépassent vos attentes. Il répondait à toutes les questions d’histoire des peuples de la région, en particulier et de l’Oubangui-Chari, en général.

Lorsque nous étions arrivés chez lui par surprise et avions décliné nos noms et nos filiations, car sa vue avait faibli et ne lui permettait plus de nous reconnaître de visu, il s’était étonné, nous avait pris tour à tour dans ses bras, s’était renseigné sur nos situations sociales. Puis il s’était mis à nous vanter les grandes qualités de nos défunts pères qui, selon lui étaient des hommes valeureux, des hommes de renom. Il nous avait vivement exhortés à nous surpasser pour être leurs dignes remplaçants. Puis il avait retracé rapidement le grand arbre généalogique de notre clan.

Ensuite Yams lui avait remis les cadeaux qu’il lui avait dédiés depuis la France. Celui-ci s’était encore confondu en remerciements et bénédictions, en invoquant sur nous la faveur des dieux de nos ancêtres. Nous avions dit au grand-père qu’il détient un grand savoir et que nous étions venus l’écouter et l’enregistrer sur des bandes magnétiques pour notre enseignement et celui de la génération future. A cet effet nous allions lui poser des questions auxquelles il voudrait bien répondre. Grand-père nous avait rassurés qu’il n’attendait que cette occasion avant de regagner ses aïeux. Les questions étaient posées par Yams dans son Karré approximatif et j’intervenais à chaque fois pour les reformuler, les rendre compréhensibles à grand-père. Inversement je traduisais les parties incomprises par Yams, du Karré authentique de grand-père.

(A suivre…)

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